Spectacle enfants

Le spectacle du grand-père


Le grand-père de notre ami Marius le clown était dans le monde du spectacle au début du 20em siècle. Il était entre autre passé maître en tant qu'assistant dans un tour qui consistait à couper les bras ou à crever les yeux sans rendre la personne manchot ou aveugle...
Voilà ci-dessous le descriptif de son tour écris vers les années 1920 qu'il a conservé précieusement dans un petit carnet .

Le début du spectacle

L'exécution de ce tour demande une certaine mise en scène et le concours de deux personnes : par exemple, mon maître et moi. Pendant que mon maître est en train de terminer un tour, j'arrive et lui applique trois ou quatre coups de plat de sabre sur les épaules. Mon maître, indigné de cet outrage, me poursuit avec un grand couteau de chasse, et me menace de me couper la tête comme à un dindon. Je fuis, mais suis bientôt pris. Nous nous prenons au collet, on se poussent et se repoussent à forces égales. Un instant je semble avoir l'avantage et parvient à entraîner mon maître dans la coulisse ; mais celui-ci reprend le dessus et me ramène sur la scène. Pour mieux résister, j'embrasse une colonne. Mon maître, ne pouvant me faire lâcher prise, m'attache avec une corde par les bras et par les jambes. Je l'injurie. Mon maître, perdant patience, me frappe de son couteau, me met mes poings à bas et jette me deux mains à terre.
Pour surcroît de vengeance, il me crève les yeux en s'écriant :

"Je te conseille maintenant de vendre tes lunettes et de ne plus accepter des lettres de change payables à vue."

Sur ce je dis :
"Je peux aussi me défaire de mes mitaines et refuser à qui que ce soit de me prêter main forte. Je suis fâché pourtant que vous ayez fait main basse, en tombant sur moi à bras raccourci : c'est vouloir m'empêcher de jouer à la main chaude , ce qui me console, c'est que personne ne pourra m'accuser d'avoir les doigts crochus."

Puis le maître dis à son tour : "Tu te repentiras de m'avoir insulté."

Sur ce je réponds :" C'est possible, mais je ne m'en mordrai pas les pouces, au reste, vous m'avez rogné les ongles si près du poignet qu'il m'est impossible de me gratter."

Puis le maître :" Je te gratterai moi-même si la main te démange, mais ce ne sera pas pour tes beaux yeux .Tu n'as plus les bras assez longs pour m'attraper."

La fin du spectacle

Enfin le maître s'avance sur le bord du théâtre et dit au public : " Ne croyez pas, Messieurs, que j'aie voulu rendre manchot un brave garçon qui me fait gagner de l'argent à pleines mains; j'ai voulu simplement vous amuser, et je n'ai crevé, en réalité, que deux yeux d'émail sur une tète de bois, et je n'ai coupé que deux bras de carton, ce qui ne me coûte tout au plus que deux mains de papier. "
Je me suis détaché de la colonne, revient en scène, les yeux couverts d'un emplâtre et les bras raccourcis (les vrais bras cachés sous mon costume avaient été remplacés par deux bras postiches) : " Ne l'écoutez pas, s'écris-je à mon tour, il voudrait vous faire croire qu'il n'est pas sorcier; mais, grâce à l'onguent de mon maître, je serais bientôt guéri... "

Spectacle grand-père
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Dans le même registre il y avait le tour de la dent, un grand classique pour cette époque